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PITCH

Chaque lundi, Denise accueille de nouveaux venus à l’association Droits devant. A tous, elle fait alors le récit d’une grève menée par des travailleurs sans-papiers.

Marche ou rêve //45 min (73min en version longue) // un film de Cyrielle Blaire // une production Les Films Grain de Sable  et Télé bocal // 2013

Résumé

Les hommes et les femmes qui poussent la porte de l’association Droits devant viennent tous avec le même espoir : obtenir leur régularisation en préfecture. Patiemment, Denise les écoute et reprend le fil de leur histoire. Si les galères sont nombreuses, ici on ne s’apitoie pas, on se bat ! A tous, elle fait le même récit : celui d’une grève menée par des travailleurs sans-papiers quelques mois plus tôt. Une invite à reprendre le flambeau d’un combat commencé par d’autres…

NOTE DE L’AUTEUR

Ce film s’est imaginé dans le sillage des grèves de travailleurs sans-papiers de 2008 et de 2009. Il est né d’une envie se conjuguant avec une évidence : laisser une trace de cette expérience de lutte inédite.

Marche ou rêve a suivi différents cours. Né dans l’urgence d’un conflit suivi dès ses premiers jours caméra embarquée, il s’est écrit au fur et à mesure des rencontres et des réflexions qu’elles ont nourries. Le film est originellement marqué par cette ponctuation entre le temps passé de l’action collective – les occupations menées par les grévistes d’Adec et la résistance de la rue du Regard -, et le temps présent de la narration, dans l’intimité d’une permanence associative, celle de Droits devant, où parviennent à s’exprimer les voix les plus faibles.

La grève est une déflagration dans la vie de ceux qui s’y sont jetés, lâchant prise avec une vie passée dans l’anonymat, l’évitement et la crainte. En se regroupant pour la première fois pour faire grève, ces hommes et ces femmes prennent le risque formidable de remettre en cause l’ordre établi. « Vous n’êtes pas sans-papiers, vous n’avez pas cette charge« , nous confie N’faly Doukouré. Nous n’avons pas non plus cette peur. Sur les visages des hommes alors que la décision  d’envahir leur agence d’intérim vient d’être prise, au cœur battant d’un autre venant de faire irruption au pas de course sur un chantier, on ressent l’immense courage qu’il a fallu à ces individus, précaires parmi les précaires, pour confronter la force d’un collectif à la puissance de la loi.

Marche ou rêve s’attache à décrire la violence d’une politique et ses conséquences : le traitement des migrants comme des travailleurs sans droits, dessaisis de leur destin.  Mais le film n’est pas simple spectateur de cette violence et des évènements qu’il décrit : il se veut le reflet d’une espérance, d’une foi en l’action collective.  Face à l’atomisation et à l’isolement des personnes sans-papiers, des individus prennent conscience de la nécessité de briser cette solitude en se regroupant : les ouvriers d’Adec s’unissent pour faire face à leurs patrons, rue du Regard des citoyens décident de faire front, à Droit devant des femmes isolées trouvent une nouvelle famille. « Vous faites parti du mouvement social« , assure Denise à des sans-papiers se présentant pour la première fois à l’association Droits devant.

Mon parti pris a été de ne jamais faire mention ni de lieux, ni de temps. La grève des travailleurs sans-papiers a constitué pour moi une toile de fond afin de décrire l’absurdité et la violence de nos politiques migratoires. On ne sait quand elle commence ni comment elle finit : brèche ouverte pour conquérir de nouveaux droits, la grève se fond dans le temps long des luttes menées par les travailleurs migrants. Elle tire ses racines des premiers rapprochements entre syndicats et ouvriers étrangers dans les usines et sur les chantiers, des occupations d’églises à la fin des années 90 par des sans-papiers…  « On ne dit plus que vous êtes des sans-papiers mais des travailleurs sans-papiers« , insiste Denise. La victoire est d’abord symbolique : elle se mesure à l’empreinte laissée par les traces de cette lutte dans les représentations qu’on fabrique des migrants. Témoin d’un combat passé toujours prêt à reprendre, ce film se veut une invitation à rejoindre le vaste mouvement des luttes pour bousculer l’avenir.

Cyrielle Blaire

Aller plus loin

Visionner ici tous les extraits de la version longue de Marche ou rêve.

Pour commander le DVD du film Marche ou rêve, contacter la société de production les Films Grain de Sable. Tél. : +33 1 43 44 16 72/ email : fgds@films-graindesable.com.

 

« Le cinéma d’intervention sociale, ce sont des images qui reflètent des luttes, qui soutiennent ces luttes, qui les font connaître et en montrent la justesse. Et quelques fois aussi qui les font triompher », René Vautier, février 2013.